J’avais rédigé cet article il y a deux ans mais le publier aujourd’hui a une toute autre saveur car j’étais censée être en Martinique pour assister à la célébration du mariage de mon amie ♥️ Johane ♥️ ; au lieu de cela, j’ai passé ces derniers jours à pleurer et culpabiliser de ne pouvoir être présente pour elle en ce jour si particulier de sa vie.
Rencontrée il y a presque 20 ans alors que nos deux ex-compagnons étaient besties, Johane fait partie de ces “fanm doubout” qui m’ont servi de véritables role models en tant que femmes et mère célibataires, de part sa beauté, son intelligence, son indépendance, sa bravoure et sa résilience à toutes épreuves !
Je vous parle de Johane car elle aura été l’une des rares mamans solos que je connaisse (avec mon amie Roxanne) à avoir sereinement refait sa vie sans avoir à baisser ses standards … et ça, vous savez depuis cet article, combien ça me parle !
Elle aura aussi été la première femme (hors cadre familial) à m’avoir littéralement sauvé la vie alors que je traversais l’une des expériences les plus douloureuses et traumatisantes de ma vie : mon divorce.
Pour vous situer : j’ai rencontré mon ex-mari (“Mr X”) alors que mes parents venaient de divorcer et que je voyais ma mère souffrir de la perte brutale de tout ce qu’elle avait bâti pendant tant d’années à la sueur de son front : son couple, sa maison, ses repères, le confort matériel de ses enfants … sa vie !
“Mr X” et moi étions encore très jeunes à l’époque et éperdument amoureux. Et comme beaucoup de couples qui s’aiment à la folie, passionnément, tout ça tout ça… nous étions persuadés de finir nos vies ensemble ! Du coup, malgré le mécontentement de nos parents (divorcés), nous nous sommes mariés civilement au bout de 2 ans de relation et avons ensuite passé 4 années unis.
Une union entachée par un “épique” épisode d’infidélité de sa part, qui m’a poussé à le quitter sans regrets ni retours, car cela remettait totalement en cause les valeurs sentimentale et morale que notre mariage avait à mes yeux.
Avec beaucoup de recul et une bonne introspection, j’ai ensuite compris que ma décision de me marier avait davantage été motivée par un désir profondément inconscient de fuir le domicile maternel, que par l’amour fou que j’éprouvais pourtant pour cet ancien “homme de ma vie” !
Une manière pour moi d’échapper à l’atmosphère pesante et douloureuse qui régnait chez ma mère après son divorce …
Depuis que j’ai ouvert ce blog, et notamment depuis la publication de ce fameux article “All my single … Mummies“, j’ai eu l’occasion de discuter maintes fois, du mariage, avec différentes femmes. Étonnamment, bon nombre d’entre elles m’ont avoué être littéralement obsédées par le fait de se marier, et ce, pour les raisons suivantes :
- l’amour (of course) : en plus de sceller l’union, le mariage décuplerait le sentiment amoureux en le transportant dans une toute autre dimension (comme s’il y avait une gradation : célibataire = niveau 0, couple amoureux = niveau 1, couple marié = niveau 2 , etc);
- la pression de ce que j’appellerais la « TCRS »: Tradition, Culture, Religion, Société … ou le quatuor de choc qui découle clairement de ce que les sociétés patriarcales nous inculquent depuis la création du monde (exemple: le récit de la « naissance » d’Ève, depuis la côte d’Adam) et qui, semble-t-il, conférerait aux femmes mariées un statut socialement, religieusement et culturellement « supérieur » vs celui attribué de celles qui ne le sont pas 🧐!
- l’éducation reçue: beaucoup de filles (notamment issues de la diversité) ont été éduquées dans l’idée qu’elles doivent être belles, vertueuses, de parfaites cuisinières et fées du logis … si elles espèrent pouvoir un jour “avoir la chance d’être choisies” par des hommes qui feront d’elles des femmes accomplies !
- le conte de fée : la faute à tous ces récits et dessins animés qui nous ont fait croire depuis toutes petites, que les princesses sont toujours sauvées par un « Prince Charmant » et/ou que toutes les histoires d’amour se terminent toujours par « ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ! 💫
- le côté pratique: être mariée pour porter le même nom de famille que son conjoint, parce que ça faciliterait les démarches administratives relatives au couple (impôts, achats immobiliers, crédits, etc.) …puis aux enfants !
- la fête : avec ou sans alcool, la célébration du mariage est imaginée comme le fameux “plus beau jour de [la] vie”; la veille duquel on s’éclate avec ses copines pour son EVJF ; cette journée mémorable au cours de laquelle l’on se présente devant familles, amis et proches, dans une époustouflante robe de mariée dont les détails et la traîne feront jalouser plus d’une ! It’s definitely the party for me 🥂👰🏾
Et en creusant davantage, j’ai pu noter que ces mêmes femmes n’abordaient que très succinctement ces deux aspects du mariage :
- la fidélité : ahlala! Cette valeur morale qui se perd (ou s’est bien trop souvent perdue) ! En théorie, le mariage est censé nous mettre à l’abri de l’infidélité mais la pratique a déjà démontré plus d’une fois que c’est bien souvent le contraire qui se produit, et ceci depuis la nuit des temps ! Alors évidemment, lorsque deux êtres prononcent leurs vœux de fidélité « devant Dieu (pour certains) et devant les hommes…pour le meilleur et pour le pire » et qu’ils affirment être prêts à affronter toutes les difficultés « jusqu’à ce que la mort [les] sépare », ils sont loin d’imaginer qu’un jour ils puissent être déçus, trompés, trahis, abandonnés… du jour au lendemain ! Pourtant, comme disait ironiquement une de mes anciennes N+1, il arrive bien trop souvent que « tout ce qui est maqué, se démaque » (inutile de traduire, je crois) !
- l’aspect financier : que ce soit pour la célébration du mariage (faire-part, tenues, festivités, lune de miel, etc.) ou pour la procédure de divorce lorsque les époux décident de prendre des chemins différents, cette institution a un coût financier qui va également de pair avec une certaine lourdeur des démarches administratives !
J’en profite pour vous indiquer qu’il existe ce que l’on appelle « la solidarité des dettes » : une notion selon laquelle si l’un des époux contracte une dette et rencontre des difficultés pour la régler, l’autre époux pourra être poursuivi par solidarité … ! (ça, je le précise en connaissance de cause 😅) ! D’ailleurs, pour ma part, plus de mariage sans contrat de mariage !! A prendre ou à laisser …
Le but de cet article n’est vraiment pas de “partir en croisade contre le mariage” (comme l’a très justement dit mon amie Danielle lors d’un live sur “Les rencontres amoureuses faites via Internet” ) … mais simplement de vous partager mon expérience parce que je suis fatiguée d’entendre ou de lire “qu’être non mariée à certains âges pour une femme et de surcroît, une mère, c’est synonyme d’échec, d’instabilité” ou de je ne sais quelle autres idéologies ahurissantes …
Mon mariage avec “Mr X” a été rythmé par d’innombrables moments de bonheur; mais cette relation m’a aussi permis de réaliser que pour moi ce n’est pas une fin en soi, une condition sine qua non à mon bonheur en ménage! Ma séparation avec le père de Ky (avec qui je n’étais pas mariée) n’a d’ailleurs pas altéré cet avis : je crois toujours en l’amour et la symbiose entre 2 êtres en tant que partenaires de vie, fidèlement engagés à se respecter, s’investir et évoluer ensemble au fil des années et de leurs projets conjoints ou respectifs … qu’ils soient mariés ou non.
Seulement, j’aimerais sensibiliser les femmes sur le fait de s’infliger une telle pression en faisant du mariage une obsession. J’ai connu des couples qui se sont séparés, après des décennies de vie commune, parce que “le mariage ne venait pas” ! A l’inverse, j’en ai aussi connu qui ont divorcé parce qu’ils ne s’aimaient et ne s’entendaient plus. Dans les deux cas, les femmes avaient tellement placé l’institution du mariage comme un gage de réussite sociale, un Saint Graal à obtenir et conserver en dépit de tous déboires , que leurs séparations ont été vécues comme de véritables drames familiaux et sociaux, et ont provoqué frustration, mal-être, sentiment d’illégitimité, perte de confiance en elles et d’estime d’elles-mêmes ou pire encore, dépressions ! Et je ne vous parle même pas des répercussions sur les enfants (pour celles qui en avaient) ☹ !
Et en tant que maman féministe et fière de l’être, c’est donc tout naturellement que je me refuse à inculquer à ma fille que seul le mariage lui garantira réussite, bonheur et longévité dans sa vie (amoureuse)! Je veux qu’elle grandisse avec la ferme conviction que son amour-propre, son indépendance sentimentale et financière, sa confiance et son estime d’elle-même, sa légitimité de parole et d’actions … ne dépendront jamais de ce que la société qualifiera de “normal” ou d’ “honorable”, mais plutôt de ce qu’elle seule estimera être en accord avec ses propres désirs .
Bravo pour cet article tellement nécessaire. Je partage cette vision et de la vie et de l’amour. Trop d’archaismes qui enferment les femmes dans des carcans…Et puis les photos, sublime😍
Auteur/autrice
Merci beaucoup pour ce retour et pour les photos, Ma <3 . Toi même tu sais combien il est important que nous les femmes nous libérions de tous ces pensées arriérées; la vie est déjà tellement dure et injuste pour nous sur beaucoup de plans. Et je crois fortement que tes travaux via Dear Mama et La Vie d'Après y contribueront grandement <3